L’Afrique doit absolument intensifier ses efforts de développement en maîtrisant les ressources dont elle dispose afin de stimuler l’entrepreneuriat et l’industrialisation.
Tel a été le point de vue qu’ont exprimé les participants aux 52es Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) à l’occasion de la présentation de l’édition 2017 des Perspectives économiques en Afrique (PEA), le mardi 2 mai 2017 à Ahmedabad, en Inde.
« L’entrepreneuriat constitue le moteur et l’esprit qui stimulent le secteur privé et la croissance, » a déclaré Angela Lusigi, conseillère politique au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en Afrique.
Accorder une valeur sans cesse accrue à l’entrepreneuriat et au secteur privé sera le meilleur moyen de dégager des dividendes démocratiques sur le continent, a-t-elle ajouté. Poursuivant son argument, elle a fait valoir que l’éducation en Afrique devait s’éloigner de la théorie afin d’inculquer aux élèves des compétences pratiques, appuyer l’apprentissage, et donner un coup de fouet à l’industrie.
Sur le plan financier, il convient de ne plus se borner à privilégier la perception fiscale et l’assistance étrangère, mais aussi à mettre l’accent sur la génération de ressources internes pour favoriser un développement accéléré.
La 16e édition des PEA, axée sur « L’Entrepeneuriat et l’Industrialisation en Afrique », présente une analyse en profondeur du rôle des entrepreneurs dans le processus d’industrialisation de l’Afrique. Il formule des suggestions quant aux démarches pratiques que les gouvernements d’Afrique pourraient entreprendre en vue de réaliser des stratégies d’industrialisation efficaces.
Produite par la BAD, le Centre pour le développement de l’OCDE et le PNUD, la publication contient des projections, des statistiques et des analyses sur les tendances macroéconomiques, financières, commerciales, sociales et de développement humain du continent. Elle propose aussi des profils détaillés de chacun des 54 pays d’Afrique en présentant les évolutions économiques qu’ils ont connues dans un passé récent et les principaux enjeux politiques auxquels ils sont confrontés.
En présentant le rapport, Abebe Shimeles, directeur par intérim du Département des politiques, des prévisions et de la recherche macroéconomiques auprès de la BAD, a affirmé que ces constatations contredisaient le mythe voulant que la croissance continue de l’Afrique provienne uniquement de ses ressources naturelles.
Ce rapport phare montre que la croissance réelle du PIB africain s’est ralentie à 2,2 % en 2016, principalement en raison de la baisse continue des cours des matières premières et du peu de croissance de l’économie mondiale. Parmi les régions du continent, l’Afrique de l’Est est celle dont la croissance du PIB a été la plus prononcée (5,3 %), suivie de l’Afrique du Nord (3 %). Dans les autres régions, la croissance a été faible : elle va du point bas de 0,4 % enregistré en Afrique de l’Ouest, notamment suite à la récession qui sévit au Nigéria, à 1,1 % en Afrique australe, où l’Afrique du Sud, la plus forte économie de cette région, n’a enregistré qu’un taux de croissance de 0,3 %.
Le rapport soutient qu’appuyée par un secteur privé dynamique, un solide esprit d’entreprise et ses vastes ressources, l’Afrique offre le potentiel d’une croissance plus rapide et plus inclusive. Son taux de croissance moyen devrait remonter à 3,4 % en 2017, en supposant que la reprise des cours des matières premières soit soutenue, que la conjoncture économique mondiale se consolide et que les réformes macroéconomiques domestiques soient bien ancrées. En 2018, on s’attend à une consolidation de la croissance, qui devrait atteindre 4,3 %.
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui a volontiers assumé le sobriquet d’ « optimiste en chef de l’Afrique », a toutefois fait remarquer qu’au-delà des moyennes, les économies africaines ont su résister à des vents contraires et à des chocs extérieurs, citant à ce sujet des pays tels que la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie et le Sénégal, qui ont enregistré des taux de croissance allant de 6 % à 8 %, voire plus.
Notant que c’est en Afrique que se trouvent les économies à la croissance la plus rapide ainsi que la population la plus jeune de la planète, il a souligné que le grand problème était désormais de « trouver la voie à adopter face aux jeunes et à la valorisation de leur capacité à libérer leur esprit d’entreprise ». « Comment l’Afrique va-t-elle tirer parti de sa diversité », s’est-il demandé.
D’autres participants de premier plan à cette section, animée par Wallace Kantai, de NTV Kenya, étaient Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l’OCDE à Paris, et Abdalla Hamdock, secrétaire exécutif par intérim de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).